Explorer le mouvement pour bien vivre

Animée par Emmanule Delessert, Phylosophe, Auteur, Enseignant . 


Le mouvement dans tous ses domaines.

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Aborder l'activité physique par le biais de la philosophie ? Explications d'Emmanuel Delessert


Interview


Aborder l'activité physique par le biais de la philosophie peut paraitre étonnant, mais le philosophe Emmanuel Delessert nous explique comment la notion de "seuils à franchir" et "le mouvement" sont des composantes essentielles pour le bien vieillir !



>> Emmanuel Delessert, vous êtes philosophe, auteur du livre "Oser faire confiance" et enseignant. Vous avez accepté de participer à la Visioconférence organisée par la Ligue Auvergne Rhône-Alpes d'Athlétisme et ses partenaires AG2R La Mondiale et la Carsat, dites-nous pourquoi ?

J'ai accepté de participer à cette visioconférence, car la question du rapport à notre corps est centrale dans l'expérience du vieillissement, et que l'un des enjeux majeurs de cette phase de l'existence est de préserver son estime de soi intacte, une forme de confiance en quelque sorte, en dépit des pertes et privations multiples auxquelles nous sommes immanquablement confrontés. Dans l'approche que je défends du « faire confiance », et du « se faire confiance » en particulier, il y a une dimension proprement dynamique. Loin de s'en tenir à un sentiment statique, dont on souhaiterait qu'il se maintienne intact dans une posture de repli frileux, l'acte de « se faire confiance » est un mouvement, tendu vers une incertitude, un défi que l'on se lance en permanence, dans l'espoir de révéler, manifester et solliciter des forces, des capacités dont on n'est pas nécessairement convaincu de les posséder dans le temps où on les interpelle...Se faire confiance, c'est ne jamais cesser de marcher vers soi-même.



>> Quel est l'intérêt d'aborder la question de l'activité physique pour bien vivre et bien vieillir par le prisme de la philosophie ?

Le bénéfice d'une approche philosophique réside dans la précision que la philosophie peut apporter aux concepts ordinaires que nous mobilisons de manière constante. Philosopher, c'est essentiellement définir avec clarté ce dont on parle, et de ce fait mieux appréhender les réalités que nos mots désignent. Nos gestes manquent souvent de précision car nos représentations sont avant tout approximatives. Confronter la question du mouvement à la philosophie, c'est réexaminer certaines idées incontournables, en particulier celle de la liberté, que l'on indexe volontiers exclusivement sur le « corps capable ». Quel est le rapport entre le corps et la liberté, et comment pourrions-nous concilier l'affaiblissement de l'un avec la préservation de l'autre ? C'est l'une des questions centrales qu'il vaut la peine d'explorer...



>> Comment notre pensée constitue-t-elle un guide pratique pour se maintenir physiquement actif, entreprenant et nous rassurer quant au vieillissement ?

J'aime beaucoup la phrase de Daniel Herrero : « un con qui marche va toujours plus loin qu'un intellectuel assis », mais je ne la trouve pas tout à fait juste, ne serait-ce que parce que je souhaiterais vraiment que certains cons restent assis...ils feraient moins de mal ! Un mouvement aveugle est toujours inquiétant. Ce qui rend nos gestes pertinents, efficaces et donc effectifs, c'est toujours la justesse de leur direction. La pensée est de ce fait indispensable pour nous fournir des leviers d'action, des perspectives d'engagement, et contribue ainsi à préserver cette forme ultime de vitalité qu'est notre capacité de « mobilisation », au sens propre comme au sens figuré. Or cette aptitude est mise à mal, bousculée, contredite par des forces contraires auxquelles la pensée permet de redonner leur juste place. Faire travailler sa pensée contre ces peurs, ces freins, c'est se redonner un peu de souffle.



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